Greffe et don d’organes
A quand un débat national ?
« La greffe est pratiquée de manière sporadique au Maroc. Elle n’est pas incluse comme une activité régulière au niveau des CHU », regrette le Pr Amal Bourquia, présidente de l’Association Reins. Et même si les chiffres ne sont pas toujours suffisamment fiables au Maroc, force est de constater que le nombre de greffes rénales est dérisoire (300 interventions entre 1990 et 2012).
Or, si la première année, la greffe coûte aussi cher qu’un traitement par dialyse, passé ce cap, elle est économiquement beaucoup plus avantageuse. Sans parler de la qualité de vie du patient. Les blocages sont encore nombreux et en partie identifiés (manque de fonds, choix politique, difficulté d’accès aux soins en l’absence de couverture sociale…), mais le manque d’information participe largement à freiner le développement de cette discipline. Les professionnels de santé avouent eux-mêmes n’avoir aucune connaissance sur la législation en matière de greffe, ni sur les positions de l’Islam à ce sujet. Une étude menée par l’Association Reins auprès de 1044 professionnels de santé révèle que 60 % d’entre eux sont dans cette situation. 70 % n’ont jamais participé à une formation sur la greffe rénale et seuls 17 % ont assisté à des conférences. Les besoins en matière d’information et de sensibilisation sont énormes et la majorité des professionnels sondés a déclaré souhaiter approfondir ses connaissances. « Les dons de sang, de moelle osseuse et d’organes sont des dons de vie », rappelle le Pr Amal Bourquia qui se mobilise chaque année, notamment à l’occasion de la journée mondiale du don et de la greffe d’organes, pour encourager le développement de cette pratique. « Malheureusement, le déficit en matière de dons et de greffes persiste et, chaque année, le constat est le même », déplore-t-elle. Il est temps que ce sujet fasse l’objet d’un débat national réunissant les scientifiques, les professionnels de santé, les gestionnaires et la société civile.

Doctinews N° 49 Novembre 2012
